Axe Accra- Abidjan ETAPE 3, Le calme est de rigueur...
Suite de mes aventures routières entre Accra et Abidjan, un dimanche d' avril...
je me trouve maintenant à la frontière entre les deux pays, à Elubo et mes camarades et moi cherchons un transport pour rejoindre Aboisso.
Pour cela, il faut décomposer ! Saucissonner le trajet. Et économiser les CFA. 1300 francs exactement et un type aux dents longues nous guide vers un vieil engin cabossé pour rejoindre Aboisso à 45 minutes de là. 500 francs en plus pour les bagages, qu’un jeune garçon charge sur le toit. A côté des chèvres broutent. C’est un vrai souk. Mais la nature est si verte que cela apaise les nerfs. Dans l’autocar, nous sommes serrées comme des sardines. A peine dix minutes de route et un premier barrage nous oblige à stopper. Or, la pluie qui s’est calmée menace de nous rafraîchir à nouveau. Descendez !, ordonne l’ agent de la brigade des Stupéfiants et du contrôle Anti-Drogue. De mauvaise grâce, les mamans déchargent leurs bagages, tentent de cacher produits de beauté et autres marchandises achetées à Elubo. Le policier se permet même quelques vannes en fouillant les valises : « C’est à Accra là vous êtes parties, pour ça ! Ya sac à Abidjan non ? Allez remballez moi ça ! ».
C’est reparti. On a perdu une demi heure en palabres. Et il est environ 14h40. Je suis énervée, prise en sandwich sur un siège où trois places servent pour quatre personnes. Si je compte bien, le type a du se faire plus de 20000 francs en bourrant le véhicule. Or quand africain voyage là, c’est avec maison il part ! Et la pluie tombe à nouveau, violemment, des bourrasques secouent le véhicule et l’atmosphère devient apocalyptique. Un voyageur lance au chauffeur : « Pardon, faut conduire doucement, la chaussée est glissante. ». Et le car s’arrête dans la tempête : une voiture derrière semble en panne. Deux jeunes s’extraient par les vitres, vont voir puis reviennent trempés comme des rats. On repart. Soudain, quelqu’un s’exclame : Yaako !. En effet, des gouttes de pluie nous mouillent. L’autocar fuit de partout et l’eau s’infiltre sous les sièges incommodant les passagers. Mes deux voisines utilisent même un sac plastique pour récolter l’eau. « Chauffeur, il va falloir nous rembourser 500francs hein ! », scande t-on en chœur. Je pense aux bagages attachés sur le toit du véhicule. Inondés très certainement.
Au bout d’un moment, un troisième arrêt achève de nous irriter. Un policier contrôle les pièces d’identité et quand nous croyons repartir, un douanier pas très diplomate surgit, siffle et fourre la tête dans le véhicule en criant : « Descendez ! Madame, y’a quoi dans sac là ? ». Zut ! Le type oblige le conducteur à ouvrir le coffre, réquisitionne les glacières et en prime, demande une quittance ou c’est la saisie définitive. Il faut encore payer, lâcher des deniers ! Dieu merci, je n’ai rien acheté à Elubo. Et discrètement, je photographie la cabane où sont stockées des glacières. « Attention, on va te demander quittance sur ton appareil », me lance une dame. Une fois de plus, les voyageurs subissent la loi des autorités. Corruption à la clé, bas salaires, c’est l’une des conséquences de la crise qui se fait sentir, les barrages servant aussi de prétexte pour mieux racketter les voyageurs. Comme si aller au Ghana, signifiait de faire de la contrebande...
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